Nous vous faisons grimper sur les toits du Centre universitaire de santé McGill et du Centre de loisirs de Westmount pour découvrir deux projets fascinants avec l’installation d’une membrane de bitume modifié et d’un toit végétalisé. Un expert couvreur de Boucherville décrit un projet réalisé sur le toit d’un magasin Walmart à Laval.
Projets institutionnels
La toiture du Centre universitaire de santé McGill (CUSM)
Plus de 120 bassins différents
Les travaux ont duré deux ans et demi. Les maîtres-couvreurs de Toitures Couture ont terminé, il y a quelques semaines, cet important contrat : couvrir l’imposante structure de près de 50 000 mètres carrés du Centre universitaire de santé McGill. Pour le directeur de projet, l’ingénieur Sylvain Anctil, il a fallu composer avec plus de 120 bassins différents : « Nous devions nous déplacer et recommencer les opérations d’installation pour chacun de ces bassins, qui ne se trouvaient pas nécessairement au même niveau. Nous commencions parfois au sol et nous terminions au douzième étage. »
En plus de gérer une logistique complexe, celui-ci devait communiquer avec quatre groupes de travail sur le chantier. « Je devais toujours être à l’affût du moindre détail afin de pouvoir répondre à leurs exigences. » D’ailleurs, pour parvenir à bien gérer un projet d’une telle envergure, l’entrepreneur général SNC-Lavalin Construction avait créé des blocs de travail pour faciliter le transport de matériaux et les déplacements des travailleurs.
Le choix de la membrane et ses avantages
Lors de l’appel d’offres, Toitures Couture a fait des propositions pour des solutions alternatives. « Notre solution a été retenue pour l’installation d’une membrane de bitume modifié (toiture inversée), c’est-à-dire que la membrane se trouve directement sur la dalle de béton et les isolants sont par-dessus cette membrane. Nous ajoutons une roche blanche pour faire une belle finition et retenir l’isolant en place. »
Pourquoi ce type de membrane ? Pour Sylvain Anctil, les avantages suivants ont été significatifs pour ce grand chantier institutionnel : « L’utilisation d’une membrane inversée, aussi appelée membrane protégée, permet de ne pas l’exposer directement aux intempéries, elle n’est pas non plus exposée aux autres corps de métier sur un chantier… Une fois que la membrane est installée, il y a beaucoup de travaux, autres que la toiture à effectuer et ceux-ci pourraient endommager la membrane si elle n’était pas protégée. Cela a permis de sauvegarder la membrane à plusieurs endroits. J’ai même observé que l’isolant avait été quelque peu endommagé par le poids de différents équipements déposés sur la toiture. » L’ingénieur énonce comme autre avantage de ce produit du fabricant canadien IKO : « La membrane, puisque protégée, est donc moins exposée aux changements fréquents de température, ce qui lui assure une plus grande durabilité. On parle ici d’une garantie de 30 ans, ce qui est au-delà des standards dans l’industrie. »
Pour l’équipe de Toiture Couture, le chantier du CUSM a constitué un très beau défi. M. Anctil se rappelle que Toitures Couture avait géré, il y a quelques années, la réfection de la toiture du barrage d’Hydro-Québec à Beauharnois. « On parle d’une toiture d’un kilomètre de longueur par une trentaine de mètres de largeur. »
- Drainage
- Sous-couches
Une toiture végétalisée pour le Centre des loisirs de Westmount
Au cours de l’été 2013, des employés d’Imperco (pour l’imperméabilisation) et de Toits Vertige ont procédé à l’installation d’une toiture végétalisée de 66 000 pieds carrés (6136,6 mètres carrés) au Centre des loisirs de Westmount. Marjolaine Auger, agronome conseillère en toitures végétales du fabricant Les Membranes Hydrotech (Hydrotech Membrane Corp.), décrit ce qui a été fait : « Ceux-ci ont utilisé le système Garden Roof® semi-intensif. Il fallait couvrir une surface ouverte, engazonnée et vallonnée, traversée par de multiples sentiers. D’un côté, la toiture végétale se fond au parc Westmount. De l’autre côté, la toiture est entourée de garde-corps, laissant apparaître les versants sud et ouest du bâtiment. » Mentionnons qu’une telle toiture a un poids de 250 livres au pied carré ou 113,39 kg au mètre carré. Le Conseil du bâtiment durable du Canada a attribué une certification LEED Or à cette construction. Rappelons que le Centre des loisirs de Westmount est le premier aréna au monde avec des patinoires souterraines.
Composantes utilisées pour réaliser cette toiture végétale :
- Apprêt QUICK-SET
- Membrane hydrofuge souple et monolithique 6125®
- Tissu de renfort et d’armature en polyester non tissé Flex-Flash® FH-16
- Joint de dilatation en élastomère RedLine®
- Feuille de protection Hydroflex® 30
- Barrière anti-racine ROOT STOP standard
- Panneau d’isolant rigide en polystyrène extrudé
- Polystyrène expansé pour créer les buttons drains agricoles pour les connexions d’écoulement de l’eau vers les drains en profondeur
- Panneau de rétention en eau et drainage d’excédant Gardendrain® GR30, rempli d’agrégat léger
- Toile de géotextile LiteTop® Filter
- Puits d’inspection muni de couvercles amovibles GardenHatch®
- Substrat de croissance LiteTop® semi-intensif
- Gazon en plaques cultivé pour mieux résister au manque d’eau et aux conditions de sécheresse.
Entretien
En installant des toitures végétales au Québec, on transforme des surfaces dures en terrasses luxuriantes, en surfaces paysagées, engazonnées ou simplement végétalisées. Le donneur d’ouvrage doit comprendre que pour ces types de toitures végétales, l’entretien requis est similaire aux soins qui seraient prodigués pour maintenir ce même espace au niveau du sol. La toiture végétale étant considérée comme un des outils pour la gestion des eaux de ruissellement dans l’empreinte d’un bâtiment dans les grandes villes américaines, ceci engendre l’installation massive des toitures végétales dites « extensives ».
- Légèreté
- Faible entretien
- Utilisation de sédums (plantes à rocailles), vivaces, mousses, etc.
- Sélection de végétaux indigènes et adaptés pour crédits LEED
Le système Garden Roof® d’Hydrotech
« Les seules composantes qui tendent à changer, selon que la toiture végétale est extensive, semi-intensive ou intensive, sont la densité de la barrière anti-racine, l’épaisseur du panneau de rétention/drainage et l’épaisseur finale du substrat de croissance. Toutes les autres composantes restent les mêmes. Depuis le premier projet réalisé en 1998, nous devons admettre que la constance du système en a fait sa force », explique Marjolaine Auger. Toutes les composantes des produits répondent aux normes de l’industrie de la toiture végétale au Québec. Elle ajoute : « Nous offrons le calcul hydrologique afin d’aider les concepteurs à atteindre les objectifs du crédit SS 6.1 LEED. De plus, nous fournissons également la méthode de lest pour la résistance au soulèvement par le vent, selon la norme ANSI/SPRI RP-14. »
Les toitures végétales en Amérique du Nord
Où en sommes-nous au Québec avec les toitures végétales ?
Un sondage réalisé au printemps 2014 par l’organisme Green Roofs for Healthy Cities (GRHC) indique que depuis 2004, les villes de Washington, de Chicago et de New York, grâce aux incitatifs des grandes instances publiques, figurent toujours en tête de liste des villes nord-américaines avant-gardistes dans ce secteur. Très bonne nouvelle, pour 2013, Toronto, Montréal et Calgary se retrouvent au palmarès des 10 agglomérations en Amérique du Nord qui ont été les plus proactives dans l’installation de toits verts.
Amérique du Nord – Régions métropolitaines
Installations de toits verts en 2013 (Superficie en pieds carrés)
Toiture du magasin Walmart à Laval
M. Tony Paquet, président de Pro-toit/Pro-max de Boucherville décrit ainsi le travail qui a été effectué lors de l’installation d’une membrane TPO de Firestone sur le toit du magasin Walmart à Laval-Ouest : « Nos employés ont travaillé durant 2 jours pour assurer l’étanchéité de cette toiture de 26 700 pieds carrés (2 480,5 mètres carrés). Elle était composée d’un pare-vapeur de 6 mm en polythène, d’un isolant en polyisocyanurate et d’une membrane TPO de 60 mm d’épaisseur de couleur blanche. Tous les joints ont été soudés (thermosoudés) à l’air chaud à l’aide d’un robot. » M. Paquet souligne que si des travaux de réparation devenaient nécessaires plus tard, ceux-ci n’exigeront pas d’équipement lourd comme une bouilloire d’asphalte. Selon lui, l’installation d’un tel système monocouche doit être faite par des couvreurs d’expérience et minutieux.