Les congés payés pendant la période estivale sont devenus une habitude bien ancrée au Québec. D’ailleurs, ce n’est pas que l’industrie de la construction qui en profite pour arrêter, car on estime que près du tiers des Québécois prennent congé durant cette période.
L’origine vacances de la construction
Les premières vacances de la construction comme on les connaît aujourd’hui ont eu lieu en 1971, à la suite d’un décret du gouvernement du Québec adopté l’année précédente. Ainsi, pendant près de 35 ans, les 2 semaines de la construction ont été fixées durant les deux dernières de juillet. Depuis 2008, les associations patronales et syndicales ont prévu dans les conventions collectives de décaler d’une semaine les vacances de la construction. Cependant, avant 1970, les vacances dans le secteur de la construction étaient organisées différemment.
Pour mieux comprendre, il faut remonter à l’origine des congés payés, un phénomène qui nous vient d’ailleurs. Nous vous proposons donc un bref historique des congés payés.
Qui a mis en place le système de congés payés ?
En 1910, le président américain William TAFT suggéra, dans un discours à Bar Harbor, Maine un 22 juillet (Chicago Tribune et dans le New York Times, que tous les travailleurs devraient avoir 60 jours de congé par année. Il perdit les élections en 1913 et son projet ne vit pas le jour. L’histoire ne dit pas si les longues vacances que proposait le Président étaient basées sur le fait qu’il appréciait ses vacances dans une propriété qu’il possédait à Murray Bay, mieux connu aujourd’hui sous le nom de (Pointe-aux-Pics) La Malbaie, au Québec… Des biographes indiquent que pendant plus de16 ans, il a passé ses étés dans la région. Une fois en poste, en 1909, le vingt-septième président a dû se résigner à prendre ses vacances en sol américain.
Il faut savoir que si le président américain a évoqué la question, c’est que le droit aux congés payés existait depuis un peu moins d’une décennie dans plusieurs pays de l’Europe : en Allemagne dès 1905, en Autriche-Hongrie et dans les pays scandinaves, en Tchécoslovaquie, en Pologne et au Luxembourg depuis 1910.
Au début des années 20 et jusqu’au début des années 30, la mesure a été instaurée dans de nombreux autres pays en Europe et en Amérique (Italie, Grèce, Roumanie, Espagne, Portugal, Chili, Mexique, Brésil). La France a emboîté le pas des congés payés en 1936, ce qui a suscité une certaine euphorie populaire comme le montre cet extrait de film d’archive de l’Institut national de l’audiovisuel (INA)
C’est en 1968 que les Français ont obtenu une quatrième semaine de congés payés. Enfin, c’est sous Miterrand en 1982 qu’une 5e semaine payée fut ajoutée.
Au Québec, il faut remonter en 1946 pour voir apparaître les congés payés. À cette occasion, la Commission du salaire minimum étend la semaine de vacances payées à toutes les catégories de travailleurs et travailleuses. Pour le secteur de la construction, c’est en 1949 que le ministre du Travail, Antonio Barrette, introduit la mesure adaptée à l’industrie comme témoigne cet extrait de la Gazette officielle du Québec (voir la Gazette officielle)
La Gazette officielle de 1949
Les timbres de congés
L’implantation dans l’industrie de la construction québécoise nécessite toutefois certains ajustements, car les travailleurs sont actifs sur plusieurs chantiers et sont employés par différents entrepreneurs au cours de l’année. Le ministère du Travail emprunte un système utilisé dans d’autres provinces, faisant en sorte que les employeurs successifs de l’ouvrier du bâtiment se doivent d’acheter de la Commission du salaire minimum des timbres de vacances et de les apposer chacun leur tour dans un carnet remis aux travailleurs.
Ces timbres ont une valeur égale à 2 % du montant brut de la paie. Une fois le carnet rempli, le travailleur peut échanger ces timbres contre de l’argent auprès des institutions financières. Il reçoit ainsi six jours de salaire gratuits à titre de vacances payées.
Les timbres de la Commission du salaire minimum et ceux en vigueur dans d’autres provinces.
Le carnet de timbres de congés
Toutefois, un tel système est devenu difficile à gérer à l’échelle québécoise, puisque chaque région avait adopté son propre système et que plusieurs modèles de rémunération des congés s’étaient introduits ici et là. En 1968, le bill 290 a permis aux intervenants de ce secteur de négocier l’uniformisation du régime des vacances payées de l’industrie de la construction dans toutes les régions. Deux ans plus tard, un décret provincial sanctionnait les deux dernières semaines complètes de juillet comme étant la période obligatoire de relâche annuelle pour ces travailleurs.
Cette année, les vacances estivales ont lieu du 24 juillet au 6 août 2017 inclusivement.
Ce texte est une version revue et corrigée d’un article paru en 2014.
Bonnes vacances !