« Avec le temps, on acquiert une expertise qui est respectée » France Beaulieu, ingénieure

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France Beaulieu, 48 ans, ingénieure, connaît le milieu de la construction sur le bout de ses doigts. Aujourd’hui chargée du chantier de rénovation des appels d’offres à la Ville de Montréal, elle était habituée au travail sur le terrain avant d’occuper ce poste. Elle a coordonné des chantiers d’envergure comme la construction du Planétarium Rio Tinto Alcan. Passionnée, elle a réussi à se faire accepter non sans mal dans ce milieu masculin et parfois rude.

Depuis plus de 20 ans, France Beaulieu mène son petit bonhomme de chemin dans le monde de la construction. Son baccalauréat en génie et gestion de la construction de l’École de technologie supérieure (ÉTS) en poche, elle a commencé dans des entreprises de construction comme Pomerleau puis Construction Emery Paquette. Elle s’est beaucoup promenée : Sept-Îles, Gatineau, Salaberry-de-Valleyfield... À l’époque où elle a commencé à travailler, les travaux d’infrastructure étaient rares. « Il fallait aller ailleurs au Québec ou en Ontario pour trouver du travail », explique France Beaulieu. Des expériences qui forgent le caractère. « J’étais tout le temps partie et je travaillais beaucoup d’heures », se souvient-elle.

Normand Legault
France Beaulieu, ing.

C’est pour pouvoir vivre une vie plus équilibrée et fonder une famille qu’elle a choisi de faire un virage vers les organismes parapublics, des donneurs d’ordre comme l’ÉTS, où elle a supervisé le projet de construction des résidences étudiantes et du marché d’alimentation. Elle a aussi géré divers chantiers à HEC Montréal. Puis,elle est entrée à la Ville de Montréal où elle a notamment dirigé les chantiers de construction du Planétarium Rio Tinto Alcan puis du Stade de soccer de Montréal.

Un beau parcours dans lequel elle a réussi à conjuguer vie familiale et travail. Mais c’est aussi un parcours de lutte et de combat. Il n'est pas toujours facile de se faire accepter par des hommes. « Il faut en faire plus pour convaincre qu’on est aussi bonnes qu’eux », reconnaît-elle. De plus, en tant que gestionnaire de projets, France Beaulieu dirigeait des équipes composées entièrement d’hommes.

Si elle est aujourd’hui à l’aise dans ce milieu, elle en parle en ne mâchant pas ses mots : « être une femme dans les entreprises de construction, c’est dur. C’est un monde conservateur, où les relations sont âpres, où il y a beaucoup de négociation. Il ne faut pas se laisser intimider. C’est aussi un monde exigeant parce que les conditions météorologiques sont dures et les délais pour réaliser les travaux courts », reconnaît-elle.

Un monde sans concession

Elle a appris à apprivoiser le milieu et à faire sa place. Pour ça, la femme « sensible », comme elle se décrit, a dû se « construire une carapace ». Aucune place pour la vulnérabilité. Son caractère trempé, son goût pour le terrain et son expertise ont fait le reste. « Il faut savoir hausser le ton et mettre les bottes et le casque pour aller sur le chantier. Mais le meilleur atout, c’est l’expérience. Avec le temps, on acquiert une expertise qui est respectée », observe France Beaulieu. Elle a eu à gérer des hommes qui avaient du mal à être dirigés par une femme. Elle a dû montrer son autorité pour se faire respecter.

Ce qui l’a aidée aussi, c’est son goût pour le métier. Mais pas du haut de son bureau aseptisé. France Beaulieu n’hésite pas à avoir les pieds dans la boue. Elle aime ça et ça se sent. « Quand on met la main à la pâte, quand les gens se rendent compte qu’on partage la même passion, ils ne regardent plus si tu es un homme ou une femme », se réjouit l’ingénieure.

Changer les façons de faire

Aujourd’hui, elle mène un autre combat. Toujours dans la construction. Pas pour édifier un bâtiment, mais pour changer les choses. « Après la commission Charbonneau, la Ville de Montréal a voulu revoir toutes les règles des appels d’offres. Je suis chargée de ce projet et j’ai déjà formé de nombreux employés dans le but de transmettre ces valeurs afin que Montréal redevienne le modèle qu’elle a été dans le passé », explique-t-elle.

Un autre défi à sa hauteur qu’elle mène tambour battant, avec beaucoup de détermination. Son caractère et sa connaissance du terrain sont des atouts pour faire bouger les montagnes.

Stade SAPUTO
Stade de Montréal
espace pour la vie
Espace pour la vie/Raymond Jalbert
ÉTS
ÉTS

L’ingénieure a supervisé plusieurs chantiers d’envergure, dont le Stade de soccer de Montréal, le Planétarium Rio Tinto Alcan et la résidence des étudiants de l’ÉTS.

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