L'industrie de la construction doit se libérer de ses entraves

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Alors que les besoins en matière d’habitations atteignent des sommets jusqu’ici inégalés et que nos retards face à la mise à niveau de nos infrastructures, tout comme nos besoins de nouvelles infrastructures, sont de plus en plus grands, il faut permettre à notre industrie de se libérer de ses entraves.

La productivité de notre secteur stagne en dessous de son potentiel, la demande demeure forte, la pénurie de main-d'œuvre persiste, l'offre de formation est insuffisante et hétérogène d'une région à l'autre, et la transition technologique s'impose comme une réalité incontournable. Face à ces enjeux cruciaux, il est temps d'agir de manière éclairée et inclusive.

Les résultats d'une étude récente réalisée par la firme AppEco mettent en lumière le retard de productivité du Québec par rapport à d'autres juridictions canadiennes, avec un écart de près de 11 % avec l'Ontario en 2022. Plus important encore, elle identifie les facteurs intangibles, tels que la lourdeur de la réglementation, la rigidité dans l'exercice des métiers, les restrictions à la mobilité de la main-d'œuvre et les défis en matière de formation professionnelle, comme les principaux obstacles à la productivité.

Pour relever ces défis et maximiser notre potentiel et celui de nos travailleurs, il est impératif d'encourager la polyvalence accrue des métiers, en favorisant l’efficience. Cette approche nous permettrait de décloisonner les métiers et de placer l'efficacité de l'organisation du travail au cœur de nos préoccupations.

De plus, la mobilité des travailleurs est un élément clé pour dynamiser notre secteur et maximiser notre potentiel économique. En supprimant les barrières régionales, nous pourrions favoriser l'innovation, optimiser l'appariement de l'offre et de la demande, et stimuler une concurrence saine qui profiterait à l'économie québécoise tout entière.

Simultanément, nous devons repenser notre approche de la formation professionnelle. Cela signifie promouvoir une offre de formation diversifiée, combler les lacunes existantes, encourager la diversification des métiers et renforcer notre main-d'œuvre qualifiée pour rendre notre industrie plus attractive.

Enfin, pour demeurer compétitifs à l'échelle mondiale, nous devons investir dans l'innovation, la recherche et la transition numérique. Des programmes adaptés aux réalités de notre industrie, la promotion de l'innovation et un environnement propice à la transition technologique sont essentiels pour stimuler la compétitivité de nos entreprises et favoriser la croissance économique.
Toutefois, notre industrie est soumise à une réglementation complexe et stricte. Le gouvernement doit à tout prix se concentrer sur les aspects qui amélioreront concrètement la productivité, tout en préservant l'équilibre fragile qui unit les différentes parties prenantes de l'industrie.

Ne nous leurrons pas, la loi R-20, qui régit notre industrie, est un pilier essentiel pour garantir la compétence des travailleurs et l'efficacité de notre secteur. Notre industrie compte sur une main-d’œuvre parmi les mieux formées du pays et dispose de l’équipement nécessaire pour réaliser tous les projets qui se présentent à elle, peu importe leur durée ou leur complexité.
Cependant, il est important de noter que les dernières modifications importantes apportées à cette loi datent de 1995, soit près de 30 ans. La définition stricte des métiers et les règles de mobilité de la main- d’œuvre sont d’une autre époque. La modernisation de la loi R-20 représente une rare opportunité de repenser et de renforcer notre secteur au bénéfice de l'ensemble de la société québécoise.

L'ACQ s'engage dans la modernisation de la loi R-20 en insistant sur la nécessité de mener cette révision avec prudence et en prenant en compte les particularités de notre secteur. Toutefois, afin d'améliorer la performance, l'attrait et la compétitivité de l'industrie de la construction, et ce, au bénéfice de tous les Québécoises et les Québécois, cette réforme doit permettre de libérer le plein potentiel du Québec de demain.

Cette lettre ouverte écrite par Jean-François Arbour, ing., président de l'ACQ, a été publiée le 18 septembre 2023 dans Le Devoir.

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