Aucun dirigeant ne peut réussir seul le transfert de son entreprise, peu importe la taille de l’organisation. Se faire accompagner durant le processus est essentiel, a soutenu Pierre Pomerleau lors d’une récente activité de la Chambre de commerce de Montréal sur le transfert d’entreprise. Lui qui a succédé à son père, Hervé, à la tête de l’entreprise familiale il y a 20 ans prépare déjà l’avenir de Pomerleau.
Pierre Pomerleau a pris la relève de son père en 1997, suivi dans l’aventure par son frère Francis. L’industrie de la construction au Québec était alors dans un creux qui perdurait depuis cinq ans. Ces années difficiles qui ont précédé le changement à la direction les ont toutefois bien préparés à leur nouveau rôle. « Dans l’adversité, on apprend vite », affirme Pierre Pomerleau.
À l’époque, les Pomerleau n’ont pas manqué d’aller chercher de l’information et des outils pour mener à bien le processus. Ils ont notamment été accompagnés par la Fondation des familles en affaires que Philippe de Gaspé Beaubien et sa femme Nan-b venaient de mettre sur pied. « Cela nous a donné un bon coup de pouce. »
Dès le départ, les Pomerleau ont formé un conseil de famille pour discuter des différents aspects du transfert. « Cela nous a permis de séparer les affaires familiales de celles de l’entreprise », explique Pierre Pomerleau. Ils ont aussi mis sur pied un conseil d’administration qui a été un élément clé du succès de l’opération. « Nous avons eu soutien incroyable du conseil d’administration. Les administrateurs comprenaient que nous étions jeunes et que nous avions besoin de conseils. »
Éviter l’improvisation
La recette ayant fait ses preuves, les Pomerleau adoptent sensiblement le même plan de match alors qu’ils commencent à préparer la relève de l’entreprise. Même si le changement à la direction n’est pas pour demain, il n’est pas question d’improviser cette étape cruciale dans la vie d’une organisation. Le processus est entamé depuis trois ans déjà. « Nous parlons régulièrement de relève, et ce à tous les niveaux de l’entreprise. Tous les six mois, nous revoyons le plan de relève pour les postes stratégiques. »
Les dirigeants s’activent également à préparer la troisième génération à suivre leurs traces. Pierre Pomerleau et son frère ont, à eux deux, cinq enfants qui sont âgés entre 15 et 20 ans. « Dans la préparation de la relève, nous nous inspirons du modèle de Transcontinental, explique Pierre Pomerleau. Avant de passer le flambeau, Rémi Marcoux [le fondateur] a exigé que sa fille Isabelle prenne de l’expérience à l’extérieur de l’entreprise familiale et qu’elle siège comme administratrice sur des conseils d’administration. Notre objectif est de préparer les enfants à devenir d’excellents administrateurs. Même s’ils choisissent une autre direction que de diriger Pomerleau, ils pourront quand même siéger comme actionnaire. Nous évaluons aussi leurs besoins de formation. »
Le conseil d’administration participe activement au processus de relève. Les Pomerleau se font aussi accompagner par le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) en plus de différents consultants pour régler les questions essentielles : revoir la convention d’actionnaires, prévoir la protection d’assurance, mettre à jour le testament, etc. Prochainement, ils vont aussi rencontrer des experts américains du transfert familial. L’aide externe est essentielle, selon le dirigeant. « Les enfants écoutent plus facilement des gens de l’extérieur », lance-t-il.
Dans tout ce processus, c’est aussi l’avenir de l’entreprise que les Pomerleau préparent. « Nous sommes en train de créer Pomerleau 4.0. L’avenue technologique change toute l’industrie. Il y a aussi un mouvement de consolidation dans notre secteur auquel nous voulons participer. »