Les cloueuses portatives sont abondamment utilisées dans l’industrie de la construction. Elles sont notamment indispensables pour fixer une charpente ou une toiture. Mais malgré leur mécanisme similaire, certaines d’entre elles s’avèrent un meilleur choix en ce qui concerne le niveau de bruit et de vibrations.
C’est la conclusion à laquelle en sont venus des chercheurs de l’IRSST et de l’École de technologie supérieure (ÉTS). Les résultats de leur étude sont basés sur les 10 modèles de cloueuses les plus utilisées dans la construction, dont l’une fonctionnant à batterie.
Les chercheurs ont mesuré les niveaux acoustiques et vibratoires de chacune des cloueuses en laboratoire et sur le terrain. Ils ont ensuite vérifié l’adéquation entre les niveaux acoustiques et vibratoires mesurés en laboratoire avec ceux mesurés sur le terrain. En comparant les résultats, il est apparu que le lieu où ces essais étaient réalisés n’avait pas d’influence sur le classement des modèles. Le laboratoire s’est alors avéré un lieu fiable pour classer ces outils selon le bruit et les vibrations qu’ils émettent, permettant à l’utilisateur de faire un choix d’outils moins bruyants et moins vibrants.
Réaliser de telles mesures nécessite toutefois de recruter des travailleurs. Les normes actuelles stipulent que trois opérateurs différents doivent enfoncer chacun 50 clous pour obtenir des résultats fiables. « Il y a une grande variabilité entre chaque opérateur et chaque clou enfoncé. Nous voulions améliorer ce processus en ne faisant pas intervenir de sujets humains pour faire ces tests », explique Pierre Marcotte, chercheur à l’IRSST, spécialisé dans les domaines de l’acoustique et des vibrations. L’équipe scientifique a conçu un dispositif de substitution de l’opérateur (DSO) qui, en enfonçant seulement 10 clous, a procuré des résultats plus précis avec moins d’essais. Le système doit encore faire l’objet de quelques améliorations pour le rendre plus représentatif.
Modifier l’outil plutôt que l’environnement
Les méthodes de réduction du bruit visaient jusqu’ici à modifier l’environnement de travail. Pierre Marcotte estime qu’il faut s’attaquer directement au bruit qu’émet l’outil. « Avec les cloueuses portatives, l’outil est situé à proximité du travailleur. Il n’est donc pas possible d’installer des matériaux absorbants ou des écrans acoustiques pour réduire l’exposition au bruit », remarque-t-il. Pour élaborer des solutions adaptées à ces outils, il fallait d’abord identifier la source du bruit, qui s’est révélée provenir principalement de l’échappement et du rayonnement du corps des cloueuses. À la suite de ces constats, l’ajout d’un silencieux à la sortie de l’outil s’est avéré une des pistes de solution.
Opter pour une cloueuse électrique semble être une autre option envisageable, celle-ci ayant obtenu les meilleurs rendements quant au niveau de bruit et de vibrations. Un écart de plus de 11 décibels a été observé entre le modèle fonctionnant à batterie et le modèle pneumatique le plus bruyant.
Pour en savoir plus
GAUDREAU, Marc-André, Pierre MARCOTTE, Frédéric LAVILLE, Thomas PADOIS, Jérôme BOUTIN. Cloueuses portatives — Développement de méthodes de diagnostic vibratoire et acoustique, R-1033, 103 pages.