À quoi ça sert un conseiller en santé-sécurité au juste ? Deux conseillers parlent de leur travail.
« Annick, peux-tu vérifier si mes garde-corps sont conformes ? » « J’ai un contrat d’excavation, mes pentes sont-elles sécuritaires ? » Des demandes comme celles-là, Annick Roy, conseillère en santé-sécurité de l’ACQ en Montérégie, en reçoit souvent. « Notre rôle, c’est d’aider les entreprises à prévenir les accidents et à éviter les constats d’infraction de la CNESST », résume-t-elle.
Elles et ses collègues passent une bonne partie de leurs journées à visiter des chantiers pour s’assurer que les travaux sont réalisés de façon sécuritaire. Si quelque chose cloche, ils font des recommandations. Comme la fois où Annick Roy a vu des travailleurs installer des garde-corps sur un toit. Leurs harnais étaient ancrés sur la cheminée, ce qui est interdit. Elle leur a recommandé d’utiliser une plaque d’ancrage.
Ce qu’elle préfère, c’est lorsque les entreprises sollicitent son aide avant le début des travaux. Le mot « prévention » prend alors tout son sens. « Il n’y aura pas d’improvisation, car l’entrepreneur saura avant de commencer de quelles formations et de quels équipements il aura besoin. »
Annick Roy – Photo : Dyade Photo
SOS !
Un problème ? Les conseillers viennent à la rescousse des entreprises membres des mutuelles de prévention de l’ACQ. Il y a quelques mois, Dany Gagnon, jusqu’à récemment conseiller à Laval, a reçu l’appel d’un sous-traitant : deux de ses employés avaient été expulsés d’un chantier par l’entrepreneur général, car ils ne prenaient pas au sérieux les risques de chute. « J’ai fait une pause-sécurité avec tous les travailleurs de l’entreprise. La sensibilisation, ça fait partie de notre job. » Les pause-sécurité, ou tool box meeting, sont organisées à la demande. Elles portent sur des sujets précis qui sont traités en 15 minutes.
Autre exemple : un chantier stoppé par la CNESST à cause d’une méthode de décoffrage non conforme. Annick Roy a aidé l’entreprise fautive à élaborer une bonne procédure de travail pour que les travaux puissent reprendre. Les conseillers peuvent également aider l’entrepreneur à élaborer des procédures à des tâches particulières en raison de la nature des travaux à exécuter (nouvel équipement, nouveaux produits, etc.).
L’assistance aux entreprises dans leurs rapports avec la CNESST fait partie du métier. « Quand un entrepreneur m’appelle en urgence parce qu’un inspecteur s’est présenté à l’improviste, je lâche tout et j’y vais », lance M. Gagnon.
Dany Gagnon – Photo : Martin Viau
S’il y a eu émission d’une dérogation ou d’un scellé sur un équipement, le conseiller propose les correctifs appropriés. Il facilite aussi la communication entre l’entreprise et la CNESST. « Les entrepreneurs ne connaissent pas tout le contenu des lois et ils peuvent mal interpréter ce que l’inspecteur dit. Nous, on sait ce que l’inspecteur veut et comment il le veut », explique M. Gagnon. Même chose lorsqu’un constat d’infraction est émis au nom de l’entreprise. Le conseiller sera là pour accompagner l’entrepreneur dans la préparation de son dossier pour défendre sa cause.
Et puis, il y a les accidents graves, infiniment tristes, mais qui doivent servir de leçons pour améliorer les mesures de sécurité. L’automne dernier, Dany Gagnon a eu à intervenir après le décès d’un travailleur, écrasé par son chariot élévateur. L’équipement s’est mis à reculer dans une pente alors que l’employé était sorti de la cabine. L’homme a couru pour l’attraper, mais il a perdu pied et le chariot lui a roulé dessus.
Le maître d’œuvre du chantier où s’est produit l’accident est membre d’une mutuelle de prévention de l’ACQ. Le rôle du conseiller était donc double : soutenir l’entreprise dans ses démarches concernant le constat d’infraction remis par la CNESST et recommander des mesures pour éviter un autre événement semblable.
« Je lui ai suggéré d’inclure les manœuvres de stabilisation dans son programme de prévention et de coller la procédure accompagnée d’une photo dans chacun des chariots, dit M. Gagnon. J’ai aussi donné une séance d’information aux travailleurs sur le sujet. »
25 000
Nombre de visites sur les chantiers effectuées par les conseillers de l’ACQ entre juillet 2016 et juin 2017.