L'embauche à l'étranger, une solution à la pénurie de main-d'oeuvre

L'embauche à l'étranger, une solution à la pénurie de main-d'oeuvre
Valérie Mallette
Valérie Mallette
Chroniqueur Relations du travail

Nul besoin de rappeler que le monde du travail au Québec se retrouve confronté à une pénurie de main-d’œuvre et que les défis reliés au recrutement des travailleurs sont bien présents sur les chantiers de construction. En effet, malgré les nombreux affichages de postes, il n’y a pas de candidats suffisants pour combler le nombre de postes vacants. L’étude réalisée par la firme Raymond Chabot Grant Thornton1 le confirme : il manquera en moyenne 20 000 travailleurs par année pour combler la demande dans l’industrie de la construction et cela, pour les 10 prochaines années.

Repenser le recrutement

Les employeurs seront amenés à s’adapter et à faire preuve de créativité dans leurs diverses stratégies de recrutement en puisant, entre autres, dans des bassins de main-d’œuvre différents. Certains vont privilégier l’embauche d’étudiants au DEP pendant la haute saison, tandis que d’autres vont plutôt avoir recours à l’embauche de femmes, d’autochtones ou de minorités visibles qui sont d’ailleurs nettement sous-représentés dans l’industrie de la construction, mais qui s’avèrent être des candidats indispensables dans l’atteinte des objectifs d’affaires des employeurs.

Or, malgré les différentes solutions envisagées dans la population du Québec, celles-ci ne suffisent pas, à elles seules, à combler le manque de relève de travailleurs. C’est pourquoi le recrutement international connaît un engouement grandissant et devient un incontournable pour faire face aux besoins criants de main-d’œuvre. Il s’agit d’une mesure encore méconnue de plusieurs employeurs, mais dont il ne faut plus se priver dans le contexte de pénurie de main-d’œuvre qui sévit actuellement.

Où commencer avec le recrutement international dans l’industrie de la construction ?

D’abord, il y a la mission Tunisie qui est en cours, en collaboration avec la CCQ et le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) afin d’accompagner les employeurs dans le recrutement international de charpentiers-menuisiers. Ensuite, une 2e mission aura lieu en février 2023, cette fois-ci au Maroc, afin de recruter encore une fois des charpentiers-menuisiers. Nous vous invitons à consulter le site des Journées Québec – Programmation 2022-2023 (gouv.qc.ca) afin d’obtenir plus d’informations sur ces missions. Notons que le MIFI offre un service d’accompagnement personnalisé aux entreprises qui devront se créer un profil sur la plateforme Arrima et formuler une demande d’accompagnement en ligne.

Également, pour l’embauche d’autres métiers ou pour recevoir des services supplémentaires en matière de recrutement international, sachez qu’il existe une panoplie de firmes privées qui proposent différents services allant du recrutement clé en main jusqu’à l’arrivée du travailleur étranger ou encore simplement des services juridiques d’appoint pour les documents d’immigration.

Maintenant, le recrutement international est-il possible considérant la réglementation dans l’industrie de la construction ?

La réponse est oui. Depuis avril 2021, il est possible d’obtenir un certificat de compétence en déposant un dossier de reconnaissance de l’expérience de travail équivalent à 35 % de l’apprentissage du métier concerné. Cette mesure peut donc être utilisée lors du recrutement de travailleurs étrangers détenant de l’expérience dans l’industrie de la construction ou dans certaines industries connexes.

Ensuite, toutes les étapes de reconnaissances des préalables scolaires, d’évaluation du marché du travail, d’obtention de permis de travail, de VISA, de numéro d’assurance sociale temporaire, etc. sont également nécessaires, cette fois-ci avec les instances provinciales et fédérales, afin de pouvoir intégrer de la main-d’œuvre étrangère dans vos organisations.

Certes, le processus d’embauche de travailleurs étrangers comporte de nombreuses démarches administratives qui peuvent sembler, à priori, intimidantes pour tout employeur, mais il ne s’agit aucunement d’un obstacle insurmontable. En effet, quelques employeurs ont déjà tenté l’expérience dans l’industrie de la construction avec beaucoup de bénéfices concrets pour leurs organisations. Toutefois, lorsque l’on se compare avec le reste du Canada, l’on arrive bon dernier dans l’industrie de la construction pour le nombre de demandes de permis de travail pour des travailleurs étrangers.

Les employeurs devront donc continuer à se familiariser avec l’ensemble du processus relié au recrutement international s’ils veulent assurer la pérennité de leurs organisations ou continuer à évoluer. Pour ce faire, vous pouvez communiquer avec le conseiller en relations du travail de votre région qui pourra vous référer vers les ressources disponibles, en fonction de votre situation.

1 Rapport de Raymond Chabot Grant Thornton, Analyse prospective de la main-d’oeuvre dans l’industrie de la construction, 2019.

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