En début d’année, la Commission de la construction du Québec (CCQ) convoquait les parties patronales et syndicales afin d’estimer le besoin de diplômés pour les années 2021 à 2024.
Un exercice qui a permis de constater un écart important entre l’offre et la demande de main-d’œuvre dans l’industrie de la construction notamment en raison du déclin des taux de diplomation et d’inscription aux diplômes d’études professionnelles (DEP) combiné à une croissance importante de l’activité dans l’industrie de la construction qui enregistre depuis 2 ans des niveaux records d’heures déclarées.
En effet, les résultats permettent de conclure que l’industrie de la construction n’a plus la cote de popularité qu’elle a déjà eue. Le taux des entrées de diplômés est en décroissance de 20 % depuis les 5 dernières années se situant actuellement à un taux de diplomation de 39,7 % en 2018 pour l’ensemble des émissions de certificat de compétence apprenti.1 Cela est surprenant puisque les conditions de travail sont plus que satisfaisantes et les perspectives d’emploi sont excellentes pour les prochaines années, voire la prochaine décennie. Cette réalité crée une surchauffe de travail qui oblige la CCQ à ouvrir les bassins de main-d’œuvre afin de rééquilibrer la disponibilité de la main-d’œuvre, et ce, au détriment de la voie d’accès toujours privilégiée qu’est la diplomation.
L’ACQ est consciente de cette réalité et accentue la pression sur divers aspects de la qualification professionnelle et la formation professionnelle, notamment, sur l’augmentation de l’offre de formation. Ceci nous permet de transmettre un message clair au ministère de l’Éducation : notre industrie a la volonté d’avoir plus de personnes formées.
Par ailleurs, la CCQ travaille actuellement avec les partenaires de l’industrie sur des mesures réglementaires qui serviront à moderniser les règles de l’apprentissage des travailleurs diplômés afin de valoriser l’obtention d’un DEP.
Le rapport de Raymond Chabot Grant Thornton sur la pénurie de la main-d’œuvre a permis de mettre en place des priorités régionales, de cibler les métiers les plus problématiques et de constater l’ampleur du manque à gagner de travailleurs dans notre industrie actuellement.
Enfin, plusieurs travaux doivent être mis de l’avant afin de moderniser la formation initiale menant à l’industrie de la construction notamment, en bonifiant l’offre de formation à travers le Québec, en faisant une meilleure promotion des DEP et en modernisant les techniques d’apprentissages par l’alternance travail-étude.
Toutefois, ces changements prendront un certain temps à être mis en place et le constat demeure le même : le manque de main-d’œuvre se fait sentir depuis déjà 2 ans et l’heure est à l’action. Les voies d’accès menant à l’industrie doivent être diversifiées et bonifiées à court terme afin de rééquilibrer le marché de l’offre et de la demande de main-d’œuvre. Ensuite, les parties devront se prendre en main et s’assurer de ne pas répéter les erreurs du passé en étant proactives dans l’évaluation de l’efficacité du système de diplomation afin que la disponibilité de la main-d’œuvre tant quantitative que qualitative soit au rendez-vous et que les autres voies d’accès soient des solutions pour répondre aux besoins en période de fortes activités.
Rapport de Raymond Chabot Grant Thornton sur la pénurie de la main-d’oeuvre de l’industrie de la construction, en ligne (consulté le 6 mars 2020).