Technique

Protection de la lame d’air d’un contre-mur en maçonnerie

Paul Demers Paul Demers
Paul Demers
Chroniqueur technique

Comme la majorité des assemblages de murs extérieurs, un contre-mur en maçonnerie agissant comme premier plan de protection requiert un espace d’aération et de drainage pour évacuer les surplus d’humidité sous forme liquide ou gazeuse.

Le contexte d’assemblage des briques ou des pierres avec mortier entraîne parfois certaines entraves pour l’efficacité de cette lame d’air. En effet, rang par rang et pièce par pièce, la réalisation d’un ouvrage de maçonnerie peut provoquer des chutes de mortier derrière le contre-mur et ainsi entraver les effets naturels de drainage d’eau au bas et d’aération du bas vers le haut du contre-mur. Voyons ensemble quelques éléments à considérer.

Cette lame drainante devant offrir 25 mm (1 po d’espace) permet naturellement à l’air humidifié et l’eau d’évacuer par les extrémités du haut et du bas selon les mesures citées au Code de construction du Québec, Chapitre 1 – Bâtiment (articles 9.27.2.2., 9.27.2.3.).

Partie supérieure

Le vide d’air séparant le premier et le deuxième plan de protection doit permettre d’évacuer l’air vicié tel un effet de cheminée sans qu’il soit directement conduit dans un vide de construction situé en partie supérieure, par exemple un vide sous-toit et on y positionne des moulures servant à la fois de pare-feu et de déviation d’air.

  • Pare-feu, pour limiter le passage des flammes vers un vide de construction en partie supérieure (CCQ Ch.1 : 9.10.16.3.).
  • Déviation d’air, pour dévier la course du flux d’air lui permettant d’être dissipé avant une aspiration possible du vide supérieur (CCQ Ch.1: 9.27.2.2. 3).

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Partie inférieure

On doit prévoir des orifices libres servant d’entrée d’air renouvelé favorisant l’effet de cheminée, mais particulièrement l’effet de drainage pour l’eau de points de rosée et d’infiltrations des précipitations.

L’effet de ventilation et de drainage est rendu possible par la création de vides ou d’ouvertures à la base du premier rang de la maçonnerie portant le nom de chantepleure (A). Ils doivent être disposés à au plus 800 mm (3 1½ po) entre chacun à la base du contre-mur ainsi qu’au-dessus des solins de têtes des ouvertures comme des portes, des fenêtres, des bouches de ventilation ou autres (CCQ Ch.1 : 9.20.13.8.). Pour limiter l’intrusion de la vermine et des insectes, on y insère des évents de chantepleures grillagés (B) de matière plastique ou métallique.

ATTENTION : Certains modèles ont des orifices avec pente dirigée vers l’extérieur, ce qui implique de les disposer dans le sens approprié pour ne pas favoriser des infiltrations.

Pour une bonne évacuation, sous les chantepleures et la maçonnerie, on doit positionner des solins conformes insérés sous le pare-intempérie permettant de diriger l’eau vers l’extérieur (CCQ Ch.1: 9.20.13.3., 9.20.13.5., 9.20.13.6., 9.20.13.7.). Pour ces solins, lorsqu’on utilise une membrane bitumée ou de SBS modifié, des attentions sont à porter sur les caractéristiques concernant leur résistance à l’écoulement plastique (liquéfaction), leur résistance aux températures élevées et pour les efforts en poinçonnement (ASTM-E154). Le poids imposant d’une maçonnerie sur un tel solin est considérable, il pourrait brimer la continuité du solin et, combiné à des températures élevées, favoriser l’apparition de coulisses noires. Il est recommandé d’utiliser des membranes pour solin de type intramural (TWF).

Chutes et accumulations

Tous ces dispositions et ces effets mis ensemble engendrent une notion de système qui, malheureusement, peut être entravé par de simples maladresses de manipulation causant des chutes de mortier dans la lame d’air lors des travaux de maçonnerie. Cette accumulation de mortier à la base de la lame d’air drainante qui, par la suite, s’avère impossible à être retirée, peut devenir une obstruction majeure pour les chantepleures. Au Code de construction du Québec, il est écrit : « Au moment de la construction d’un mur creux, il faut éviter l’accumulation de mortier entre les parois pour que l’eau ne puisse pas migrer d’une paroi à l’autre » (CCQ Ch.1 : 9.20.13.10. Accumulation de mortier).

Solutions

Puisque les chutes de mortier sont difficiles à éviter, il est possible d’utiliser des accessoires permettant de ne pas entraver le système malgré le mortier airant.

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Très simple à installer, l’utilisation d’un filet à mortier (C) qui agit comme un filtre grillagé configuré en échelons angulés, disposé à la base de la lame d’air drainante agit comme barrière au mortier en chute libre et par sa combinaison de deux niveaux de paliers horizontaux, il laisse circuler l’air et l’eau derrière la maçonnerie.

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Une autre protection, l’écran à mortier, plus rudimentaire, est pratiquée en utilisant des feuillards métalliques ou des membranes de type intramural pliés en « L » (D) d’environ 200 mm (8 po) de long, positionnés au-dessus des joints libres de mortier servant de chantepleures et couvrant par le dessus, la profondeur de la lame d’air pour protéger du mortier la partie stratégique de ventilation et de drainage.

Ces pratiques permettent le libre passage de l’air et de l’eau pour préserver l’efficacité des chantepleures.

L’aspect extérieur d’un bâtiment en maçonnerie procure des sentiments de réconfort, d’élégance, de qualité et de durabilité. N’oublions pas que la longévité passe par la mise en place des conditions favorables pour préserver l’intégrité de la structure du bâtiment et sa maçonnerie. Le drainage et la ventilation de la lame d’air y sont primordiaux.